Chapitre 11 : Odile raconte la septième séance de Suzanne.
Depuis que nous avions mis en place un mode de communication particulier avec Léo, je dus régulièrement quitter le cabinet en journée pour lui parler. Il m’avait interdit de l’appeler depuis ma voiture. Nous nous étions mis d’accord sur un modus operandi. Lorsqu’il voulait me parler, il plaçait un rendez-vous sur la plate-forme avec un pseudo dont les initiales étaient toujours LD. Ainsi il prit rendez-vous aux noms de Liliane Destaud, Laurent Dietrich, etc. Je m’arrangeais pour libérer les trois créneaux suivants. Il annulait le rendez-vous la veille, ce qui créait un trou dans mon agenda et me laissait une heure pour aller l’appeler à l’extérieur. Les flics de la DGSI se relayaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre au pied de l’immeuble et l’un d’entre eux me suivait chaque fois que je sortais. Je trouvai une parade à cette surveillance en allant flâner dans les grands magasins et en attrapant quelques vêtements à essayer dans les cabines. Ils auraient dû se dire que j’étais assez portée sur la lingerie mais leur bonne éducation leur interdit sans doute de se poser plus de questions. Dans les cabines pour dames, j’étais sûre d’être tranquille.
Léo avait rassemblé pas mal d’informations recoupées avec les dires de Suzanne. Je lui fis part de ma grande satisfaction à l’idée que le travail que nous faisions permettait d’avancer. Je ne perdais pas de vue que je souhaitais sortir de cette affaire le plus vite possible. Il calma mon enthousiasme en me montrant que pour l’instant nous n’avions que des morceaux de l’histoire et quelques indices et qu’avec cela on n’avait pas d’éléments pour identifier ni le lieu ni la date ni le mode opératoire d’une catastrophe à venir.
— Il se pourrait même que la catastrophe n’ait lieu que dans cent ans ! Dit-il avec un ton de découragement.
— Je ne crois pas, répondis-je. Souvenez-vous que son guide lui en avait voulu d’avoir suicidé Geneviève en lui indiquant qu’elle pourrait bien avoir causé, par l’abandon soudain de ses recherches, la mort violente de millions de personnes. C’est donc qu’il craint que la catastrophe ne soit imminente. Elle peut arriver à tout moment.
— Et aurait-elle déjà eu lieu ? Demanda Léo. Le COVID ? Est-ce que ce pourrait être cela ?
— Le COVID a fait moins de morts que la grippe espagnole. Or la grippe espagnole est antérieure au suicide de Geneviève. Le guide parle de faire toujours plus de mal, donc il faut que le nombre de morts soit supérieur à celui de la grippe espagnole.
— J’ai lu qu’elle avait fait entre 50 et 100 millions de morts, fit Léo.
— Oui c’est ce que j’ai aussi en tête. Donc ce qui se prépare fera au moins 100 millions de morts et de manière violente ! Lui dis-je.
— C’est surhumain, lâcha-t-il.
Nous restâmes un moment sans parler puis Léo abrégea la conversation après m’avoir donné la liste des questions qu’il souhaitait que je pose. Le lendemain, je reçus Suzanne pour une septième séance. Je décidai de l’emmener à l’époque où elle était Maxime. Ce ne fut pas simple, car elle ne semblait pas avoir envie de parler de cette période. Elle resta longtemps fixée sur la vie de Geneviève et confirma même les propos de son fils sur les causes de son suicide. Je parvins tout de même à lui faire revivre la naissance de Geneviève et de fil en aiguille nous parvînmes à nous retrouver au moment où Maxime se présenta devant le guide. Je sentis une forte résistance à répondre à mes questions.
— Que vous dites-vous ?
— Pas grand-chose. Je sens une grande tristesse.
— Qu’est-ce qui provoque cette tristesse ?
— Je ne sais pas, il a l’air abattu. Il garde le silence et moi je me sens bizarre.
— Que ressentez-vous ?
— Je ne sais pas. C’est comme un sentiment de culpabilité.
— Avez-vous réussi à échanger avec lui un peu plus tard ? Voulez-vous aller à ce moment ?
— J’y suis, dit-elle après un instant. Il me dit qu’elle m’a eu moi aussi.
— Vous voulez dire qu’elle est la cause de votre mort ?
— Oui.
— Quand était-ce ?
— Le 12 mars 1920. J’avais attrapé la grippe.
J’en savais assez sur la cause de la mort de Maxime. Il avait visiblement succombé à ce qu’on appellera plus tard la grippe espagnole. Pour ne pas perdre le fil de Maxime, je le relançai sur son sentiment de culpabilité.
— Vous disiez ressentir de la culpabilité. Mais comment est-ce possible si vous êtes vous-même une victime ?
— Parce que je ne l’ai pas trouvée à temps. J’ai échoué. En même temps, que pouvais-je faire de plus ? Je n’ai pas trouvé la clef de l’énigme…
— La clé de l’énigme ? Demandai-je en sentant qu’on allait arriver aux réponses qu’attendait Léo.
— Oui ! J’ai passé ma vie à travailler sur des théorèmes qui apporteraient des réponses à des problèmes apparemment insolubles. Je suis sûr qu’elle se sert de l’un d’entre eux pour choisir son moment. Mais je n’ai pas trouvé…
— Vous voulez parler de théorèmes de mathématiques ?
— Oui, je suis prof de maths. J’aime ça les maths.
— Vous aimez donner des cours ?
— Oh non ! C’est barbant. J’ai accepté de donner un cours sur l’analyse numérique, les suites, mais c’est pour la galerie. Je suis sur tout autre chose ! Je passe le plus clair de mon temps dans ma chambre à faire mes recherches.
— Et vous n’avez rien trouvé ?
— Non ! Rien du tout. Et je n’ose pas en parler à mes collègues qui me prendraient pour un fou. On briserait des carrières de chercheur pour moins que cela !
Malgré tous les efforts je ne parvins pas à lui faire dire ce sur quoi il avait exactement travaillé. On savait quand même qu’il s’agissait de sujets mathématiques qu’aucun théorème ne pouvait décrire en général. Léo trouverait bien quelles étaient les conjectures irrésolues qui intéressaient les mathématiciens de l’époque. Nous en restâmes là pour cette séance. Lors de la séance suivante, deux jours plus tard je tâchai de la faire repartir de la naissance de Suzanne ; ce qui était le plus facile, car elle y venait souvent pour y revivre un moment très doux. De là je la fis retourner au jour de sa séparation d’avec son fiancé.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Étienne.
— Comment avez-vous vécu cette séparation.
— Je ne lui en veux pas. Je n’ai pas été très à l’écoute. Je mérite ce qui m’arrive.
— Avez-vous connu un autre moment plus tard où vous auriez été amoureuse.
— Non. Plus jamais.
— Voulez-vous vous rendre à un autre moment où vous étiez en relation intime avec un homme ?
— Je suis avec Georges. Mais je ne l’aime pas d’amour. C’est purement physique. On a une drôle de relation lui et moi. C’est un sale bonhomme. Je n’aime pas ce qu’il me fait. Mais il faut que je le fasse alors je le fais…
— Vous souffrez de cette relation ?
— Oui. Je suis contrainte d’accepter ses assauts.
— Vous ne pouvez pas lui échapper ?
— Si, mais je perdrais trop à le tenter. Je sais qu’il doit me dire quelque chose. J’attends jusqu’à ce qu’il me le dise…
— Que doit-il vous dire ?
— Je ne le sais pas. Je sais seulement que je saurai quand il me l’aura dit.
Nous avons terminé la séance et je posai encore quelques questions à Suzanne au “réveil”. Elle n’était pas de très bonne humeur et se prêta de mauvaise grâce à l’exercice.
— À quoi cela sert franchement, docteur ? Je ne vois aucune progression dans mon état.
— On n’y est pas encore, mais on progresse. Vous ne voulez toujours pas savoir ? Dans certains cas cela aide…
— Non ! Je vous ai déjà répondu à cette question. On ne va pas y revenir. Mais peut-être que vous ne me faites pas explorer les bons sujets ? S’écria-t-elle.
Puis se rendant compte de son comportement un peu outrancier, elle s’excusa. J’essayai de la rassurer.
— Vous tournez autour d’un sujet de recherche. Vous cherchez quelque chose, mais vous ne dites pas quoi, lui dis-je en pensant que je m’enfonçais un peu plus à lui mentir de la sorte.
— Une recherche ? Fit-elle pensive.
— Oui. C’est assez confus, mais vous en parlez. C’est peut-être ce qui explique ce TOC que vous avez remarqué depuis que nous travaillons ensemble. Vous auriez perdu quelque chose ou vous seriez en quête de quelque chose. C’est comme cela que je synthétiserais ce que vous me dites.
— Et toujours dans ma vie antérieure ? Demanda-t-elle.
Je remerciai le ciel d’avoir orienté la conversation dans cette voix, car j’avais un prétexte pour la faire parler de Georges.
— Non pas cette fois. Vous avez parlé de vos fiançailles manquées avec Étienne et de vos relations difficiles avec Georges.
— Je n’ai pas manqué mes fiançailles avec Étienne. Ce salaud m’a plaquée ! Quant à Georges, heureusement qu’il a été là pour moi ! s’écria-t-elle.
Le jugement inconscient de Suzanne sur ces hommes était l’exact opposé de ce qu’elle disait consciemment. Il y avait là, pensai-je, une contradiction qui pourrait bien expliquer le trouble. Ce ne serait pas la première fois qu’une opposition de ce genre engendrerait un trouble chez un patient. J’avais déjà rencontré ce type de situation. Je me dis que je tenais sans doute là un candidat sérieux à la cause de sa calamité. Je profitai de l’occasion pour creuser :
— Qui est Georges pour vous ?
— Un ancien patron, un ex-amant, le père de ma fille et un ami.
— Vous le revoyez encore ?
— Non je ne l’ai pas revu depuis deux ans. Il est le père de ma fille, mais il a beaucoup à faire avec son travail. Il est parti aux États-Unis.
— Vous vous parlez de temps en temps ?
— Non. Je sais qu’il appelle notre fille régulièrement et cela me suffit. À vrai dire, la dernière fois que je l’ai vu, on a eu une relation intime et on est parti chacun de notre côté. C’est assez bestial entre nous mais c’est bien comme cela.
— Que fait-il dans la vie ?
— De la musique. Il dirige une maison de disques avec un portefeuille de grandes stars internationales. Je l’ai connu dans ce milieu quand j’étais substitut du procureur de Toulon. On s’est rencontré dans une soirée de connaissances communes et on s’est assez bien entendu. On a couché assez vite ensemble et j’ai décidé de le suivre. Il m’avait proposé de le rejoindre comme sa juriste. C’est un passionné de ce qu’il fait. Il était hors de question pour lui de fonder une famille mais notre fille s’est présentée par accident. Il a été très chouette. Il m’a aidé à acheter ma maison et à fait en sorte que je ne manque de rien. Je lui dois beaucoup.
J’expliquai à Suzanne que ce qu’elle venait de me dire était en assez grande contradiction avec ce qu’elle disait en état de conscience modifiée. Je lui expliquai aussi que ce genre de hiatus pouvait entraîner des répercussions dans son être et qu’il allait falloir qu’on creuse cette piste.
— Je pense qu’une des deux faces de votre personnalité se ment à elle-même. Il nous faut savoir laquelle dit vrai et sans doute les réconcilier. Vous comprenez ?
— Alors on avance ? Dit-elle avec le sourire retrouvé.
— Oui on avance Suzanne. On avance bien…
Alors que depuis quelques semaines, la vie avait retrouvé son calme même si j’étais en permanence sur mes gardes à cause de la surveillance que faisaient peser sur moi les gens de l’anti-terrorisme, ces messieurs vinrent se rappeler à mon bon souvenir. Le lendemain matin de cette dernière séance, deux hommes se présentèrent à mon cabinet et demandèrent à me voir. Alors que Sandrine ouvrait la porte de mon cabinet pour m’annoncer les visiteurs, le plus jeune la poussa en arrière en s’interposant dans l’ouverture de la porte et la remercia sèchement. Je me levai pour faire face. J’en reconnus un des deux. Il m’avait interrogé dans les bureaux de la DGSI.
— Bonjour Docteur Lebrun, dit le plus âgé. Vous me reconnaissez ?
— Oui parfaitement, dis-je sur un ton sec, car je ne pus réfréner mon énervement. Que puis-je pour vous ?
— Nous voudrions vous poser quelques questions.
Il se frotta la nuque et poursuivit.
— Vous vous doutez bien que nous vous avons mise sur écoute.
— Oui. Le lieutenant Degois qui a reçu ma déposition m’avait prévenue que c’était une possibilité si le parquet vous saisissait. Il vous a saisi. Donc je sais que depuis ce jour, ma vie même privée n’a plus de secrets pour vous. Et ne parlons pas du secret médical de mes patients !
Les deux hommes eurent l’air étonné que je le prenne aussi calmement et se regardèrent un bref instant. Le plus âgé repris.
— Qu’est-ce que vous faites avec madame Flandrin ? Je dois vous dire qu’on ne comprend pas trop.
— Je fais parler son inconscient pour trouver des éléments qui pourraient expliquer son psoriasis. Qu’y a-t-il de si étrange ? Vous m’avez vous-même dit de ne rien changer à mon programme…
J’adoptai volontairement un ton péremptoire pour bien leur faire sentir que je savais parfaitement ce que je faisais avec Suzanne. L’homme se gratta la tête.
— Oui… euh… peut-être mais qu’est-ce que c’est que ces histoires d’indiens d’Amérique, de soldats, de pasteurs et de séminaristes des siècles passés… C’est délirant ! Comment comprenez-vous ce qu’elle dit ?
— Ah çà ? Mais il ne faut surtout pas prendre toutes les informations au premier degré. Surtout quand elle relate des histoires qu’elle place loin dans le passé. À vrai dire, je ne cherche pas à savoir si ces manifestations sont fantasmées ou réelles. Ce qui compte pour moi c’est le sens second. La charge émotionnelle que porte le message. Vous comprenez ? Les émotions inconscientes ont un impact sur notre état de santé et très négatif si ces émotions sont mal digérées. J’ai vu des gens allergiques aux chats me raconter qu’ils avaient été autrefois attaqués par un lion alors qu’ils n’ont jamais vu un lion de leur existence. Il peut s’agir d’un cauchemar enfoui qu’on fait ressortir pour qu’il soit mieux compris et qu’il ne génère plus de réaction psychosomatique.
Il continua de se frotter la nuque. L’homme semblait de plus en plus mal à l’aise.
— Oui mais enfin, vous êtes venue déposer sur la foi de ce genre de propos ! Alors que faut-il en penser ?
— Dans le cas de Madame Flandrin il est vrai que c’est un peu différent ! continuai-je sur un ton de donneuse de leçons. J’ai pensé que ce qu’elle m’a dit lors de sa première séance pouvait avoir le caractère d’une prédiction. Quelque chose qui est annoncé pour le futur. C’est la première fois que cela m’arrive. Cela relève peut-être de la médiumnité ! Et comme je vous l’ai dit, j’ai pensé que je ne devais pas garder cette information pour moi.
Le jeune n’avait pas desserré les dents depuis le début. Il s’agita sur sa chaise et dit :
— Bon ! Très bien et alors pourquoi ne la faites-vous plus parler de cette prédiction ? Elle n’a rien livré de nouveau et j’ai bien remarqué que vous prenez un malin plaisir à la faire parler du passé.
Le plus âgé repris la parole.
— Ce que veut vous dire mon jeune collègue, c’est que nous pensons que nous perdons un temps précieux. Nous devons obtenir le lieu, la date et le mode opératoire de ce qui se prépare éventuellement. Alors nous vous demandons de la faire parler sur ces points.
J’hésitai un instant à les mettre sur les pistes que Léo Degois avait suivies puis je me dis que plus ils en sauraient, moins ils auraient la tentation d’aller importuner la pauvre Suzanne.
— Je ne suis pas d’accord avec vous. Elle donne très clairement, pendant ces séances, des informations qui pourraient constituer des indices pour votre enquête. Par exemple, elle semble raconter avoir vécu déjà deux fois des épisodes épidémiques qui ont eu des effets massifs sur la mortalité de populations. Elle relate un épisode d’épidémie de variole qui aurait décimé des tribus d’Amérindiens et qui aurait été provoquée volontairement par des colons britanniques au XVIIIème siècle. Elle indique d’autre part avoir été victime de l’épidémie de grippe espagnole au début du XXe siècle.
— Mais nous n’avons aucune preuve que ces épidémies auraient été criminelles, fit le plus jeune.
— C’est exact, on ne sait pas. Mais elle semble l’affirmer. Ce qui est aussi remarquable dans ce qu’elle dit – et qu’à mon avis vous devriez creuser – est que ces épidémies lui auraient été annoncées. En tous les cas, c’est mon interprétation.
— Annoncées ? Fit le plus âgé dubitatif.
— Oui, alors que je lui ai demandé de me parler de moments où elle était à la recherche de cette âme criminelle, elle m’a clairement décrit des situations dans lesquelles elle s’était trouvée en présence d’une personne qui avait perdu la vie juste après s’être vantée d’avoir constitué une collection. Je ne sais pas ce que cela peut pouvoir dire, mais il me semble que la répétition de ces situations en lien avec ses recherches doit interroger.
— Vous pensez que la prochaine catastrophe sera une épidémie et qu’elle sera annoncée par un collectionneur ? Fit le plus jeune qui avait soudain abandonné son attitude agressive.
— C’est une possibilité, fis-je. Mais je n’en sais rien. C’est à vous d’enquêter, je ne suis pas flic moi !
— Vous a-t-elle dit qui serait ce collectionneur ? Poursuivit-il, de plus en plus intrigué.
— Elle dit avoir croisé ce messager dans chacune de ses vies. Ce fut un médecin militaire puis un évêque puis le père de Geneviève Aubin et aujourd’hui…
Je m’arrêtai net dans ma phrase. Ces types n’avaient pas eu la sagacité de Léo Degois. Ils n’avaient rien compris aux messages distillés par Suzanne. J’étais sur le point de leur livrer le nom de Georges, son ex-amant, et je me dis soudain que je ne devais pas le faire mais c’était trop tard. Le plus âgé me relança.
— Aujourd’hui ? Vous disiez… fit-il.
— … elle n’a pas encore révélé quelle collection il aurait pu constituer…
J’essayai de leur cacher l’existence de Georges car, dans la mesure où il était encore vivant, ces flics ne manqueraient pas d’aller fouiller de ce côté-là et Suzanne ne tarderait pas à découvrir le pot aux roses. Mais le plus jeune connaissait son dossier.
— Et il y a ce Georges, lança-t-il. Nous allons devoir nous intéresser à ce personnage… C’est ce que vous nous conseillez de faire, n’est-ce pas ?
— Vous imaginez bien que si vous faites cela n’importe comment, je peux mettre la clé sous la porte. Suzanne sera alertée et les conséquences pourraient être dévastatrices pour moi. Divulgation de secret médical ? Parce que c’est ce que je fais en vous parlant… Savez-vous ce qu’il en coûte ?
— C’est bien possible, Docteur, fit le jeune sur un ton à nouveau menaçant. Mais si nous n’avons pas d’autre choix, on ne fera pas de détail…
Ils se levèrent et sortirent. Au moment de fermer la porte, le vieux se retourna et me fit :
— Je vous remercie pour ces éclaircissements. Nous reviendrons vous voir si nous avons encore besoin d’explications… je vous demande de ne pas quitter Paris…