Chapitre 15 : Odile reçoit Suzanne pour une dernière consultation.
Lorsque Léo me demanda de l’appeler pour m’annoncer qu’il avait dénoué l’énigme des nombres de scalp et de passereaux, je ressentis un sentiment ambivalent fait de l’excitation de savoir ce que cachaient ces nombres et de peur, car chaque pas que nous faisions vers la vérité nous conduisait vers la révélation d’un plan démoniaque dont j’allais moi et les miens peut-être devoir souffrir. Léo eut l’air très abattu malgré ses succès. La collection des 78 Awards et la mort consécutive de Georges Destouches était la preuve ultime que Suzanne avait fait une véritable prédiction.
— Imaginez, dit-il, ce que nous aurions manqué si vous n’aviez pas décidé de m’appeler ! C’est inestimable ce que vous avez fait ! On n’est pas en mesure d’arrêter cette tragédie mais au moins on sait qu’elle se prépare quelque part dans un avenir incertain. Mais si vous n’aviez rien dit, on n’aurait même pas la connaissance de cela !
Je ne sus trop que répondre à tant de remerciements. Je le sentais au bord de l’effondrement. Sa voix chevrotait par moment. Mon premier réflexe fut de lui retourner ses compliments.
— Léo. Si cela n’avait pas été vous, croyez-vous qu’on m’aurait entendu avec mon histoire abracadabrante ? Lui demandai-je.
— Je ne sais pas. C’est aujourd’hui que je me rends compte que vous avez eu raison de chercher la fibre familiale. Sans doute que si je n’avais pas retrouvé des traits du visage de ma chère mère dans le vôtre… j’aurais agi différemment. Et quand j’y pense… Vos intuitions et toutes celles que j’ai eues pour orienter mes recherches… c’est presque trop simple ! Il doit y avoir quelqu’un qui agit à notre insu pour nous mettre sur la voie. Ce qui, de facto, nous oblige encore plus pour mettre Suzanne sur la piste du tueur.
— Oui Léo, le temps n’est pas encore venu de nous apitoyer. Il faut terminer l’enquête.
En disant cela, je pensai à mon pauvre Jean qui avait basculé dans un autre monde depuis que j’avais été prise dans l’affaire Suzanne Flandrin. Il vivait mal cette intrusion des services spéciaux dans notre vie. C’est avec Jean que j’ai eu mon premier rapport sexuel. Je n’ai jamais connu d’autre homme. Il m’a d’abord fait sa cour en vrai gentleman désuet et ce n’est que trois mois après notre première rencontre que nous nous sommes embrassés pour la première fois. Je me souviens, c’était dans les jardins du Luxembourg. L’été suivant, nous avons décidé de partir faire une randonnée dans les Pyrénées et c’est là-bas, lors du premier bivouac, qu’il m’a prise pour la première fois. Je me souviens encore comme j’ai été idiote et ai bien failli le perdre ce soir-là alors que nous avions entamé des préliminaires enflammés. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Alors que j’en avais une envie folle, j’ai soudain pensé à ce que ma mère m’aurait passé si elle m’avait vue. Je me suis échappée de la tente, à moitié nue. Je l’avais vexé. Jean m’a rejointe sous la voute étoilée et après une courte séance pendant laquelle je me suis embarquée dans des explications confuses, il m’a serrée dans ses bras. Je ne me souviens plus de ce qu’il m’a dit pour me rassurer. Je me souviens très bien, en revanche, que nous nous sommes finalement couchés nus sur une couverture sur l’herbe. Je garde un souvenir merveilleux de cet instant magique.
Toujours sur nos gardes, nous nous en tenions à parler du strict nécessaire : les courses, nos filles, la maison, sa mère. Je sentais bien qu’il mourrait d’envie de me parler de l’évolution de l’affaire mais Léo m’avait prévenue qu’aucun endroit ne serait assez sûr.
J’ai vu Jean s’éteindre peu à peu. Nous devenions petit à petit de plus en plus étrangers l’un à l’autre. C’était un sentiment bizarre. Après tant d’années à avoir tout partagé, nous ne parlions plus de nos histoires professionnelles de peur que la discussion n’éveille la curiosité des gens qui nous écoutaient. Nous ne faisions plus l’amour. Nous ne nous brossions plus les dents ensemble. Sans nul doute, je supportais mieux cette situation que Jean, car je savais que Léo et moi avancions dans la compréhension de l’affaire dans laquelle Suzanne nous avait embarqués. À vrai dire, le plus bizarre était qu’elle-même n’en avait aucune conscience. C’était, du moins, ce que je croyais à ce moment-là.
— Que devons-nous faire maintenant ? Demandai-je à Léo.
— Pour ma part je vais devoir aller voir les gens de la DGSI. Je ne peux pas garder cela pour moi. C’est trop gros. Il va falloir qu’ils activent les services de tous les pays. On ne sait pas d’où va venir la menace. 170 millions de personnes, cela dépasse la population française. Je dois aller déposer.
— Que va-t-il se passer ? lui demandai-je.
— Je vais me faire savonner ! C’est certain. Je vais avoir l’IGPN sur le râble et tout le gratin. Ma carrière était foutue… mais là ! Ils vont me tuer pour avoir enquêté dans leur dos…
— Mais non Léo ! objectai-je. Vous avez agi pour le bien commun !
— Ce n’est pas comme cela qu’ils vont considérer la chose. Ces types sont persuadés d’être des cadors. Qu’un petit lieutenant, dégradé et placardisé depuis quinze ans, se permette de marcher sur leurs plates-bandes ! Vous ne savez pas de quoi sont capables ces connards ! râla-t-il. Mais je ferai mon devoir quoi qu’il m’en coûte…
— J’admire votre courage, Léo, lui répondis-je.
Je ne pus m’empêcher d’éprouver une énorme affection pour cet homme qui d’extérieur ne ressemblait à rien mais était animé d’une force d’âme extraordinaire. Ce type était la droiture sur pattes. J’étais soudain fière d’être sa cousine. Je voulais l’aider.
— Et moi, l’interpellai-je, qu’est-ce que je peux faire, Léo ?
— D’abord vous allez faire l’ahurie quand ils vont vous apprendre que j’avais fait planquer une caméra dans votre cabinet. Il faut que vous soyez hors de cause… Vous ne saviez pas. Débarrassez-vous du bouton sur votre blouse. D’autre part, il est fort probable qu’à cette heure Suzanne ait été informée du décès de Georges Destouches. Il a dû lui transmettre l’information qu’elle disait attendre lors de sa dernière séance. Que va-t-il se passer maintenant ? Ce serait intéressant de le savoir. Avez-vous prévu un rendez-vous ?
— Oui, elle doit venir demain matin.
— Il faudrait la faire parler sur Georges en état de conscience modifiée. Peut-être nous dira-t-elle ce qu’elle va faire de cette information. Je vais aller à la DGSI dès que j’aurai raccroché. Par conséquent, leurs gens écouteront avec intérêt votre séance.
— Que vont-ils en faire ? Lui demandai-je.
— Je n’en sais rien, Odile. Mon fils m’a donné une bonne idée. Il pense que quelqu’un devrait aller interroger l’Institut Pasteur sur les nouvelles menaces de virus pandémiques. Je n’ai aucun contact dans ce secteur et je pense que seuls les gars de la DGSI pourront obtenir rapidement les réponses. C’est aussi ce qui me pousse à aller leur parler.
Léo me donna encore quelques instructions et nous nous quittâmes sur ces derniers mots. Quelque chose me disait que Léo se faisait des idées sur la capacité des organes officiels à prendre efficacement le relais. Revenue au cabinet, je pris mon téléphone et, faisant fi des écoutes, j’appelai le Professeur Duthour.
— Odile ! Quel bon vent vous amène ? Me dit-il de son air toujours satisfait.
— Si vous voulez parler de Suzanne Flandrin, je n’ai pas grand-chose de nouveau à vous dire. On a peut-être levé un lièvre émotionnel. Elle tient des propos incohérents à propos des hommes de sa vie. Mais ce n’est encore qu’une piste. Je dois la recevoir demain pour une nouvelle séance. On verra si cela nous mène quelque part.
— C’est intéressant cela ! Je suis sûr que vous tenez quelque chose…
— Mais ce n’est pas pour cela que je vous appelle…
— Ah bon ? Dites-moi donc !
— Je voudrais orienter un de mes autres patients vers un très bon infectiologue, lui mentis-je. Je ne connais personne qui aurait votre stature dans ce domaine et ce cas est vraiment préoccupant. Je me suis dit que vous pourriez peut-être m’ouvrir quelques portes…
Il prit un temps de réflexion et me fit :
— Jérôme Bastin ! Vous connaissez ?
— Non.
— Jérôme est professeur d’infectiologie à Descartes. Il est chef de service à la Pitié-Salpêtrière. C’est un tout bon ! Je vais l’appeler et il vous rappellera.
Deux heures plus tard, le Professeur Jérôme Bastin m’appela et nous convînmes de nous rencontrer le soir même à son cabinet. Jérôme Bastin était un bel homme d’environ quarante ans. Son bureau dont les murs étaient recouverts de plannings et notes de service était minuscule.
— Alors comme cela, vous travaillez avec Duthour ? Me fit-il en guise d’entrée en matière.
— Oui. Je m’occupe de l’une de ses patientes. Mais c’est tout nouveau…
— C’est un type extra ! Même si je trouve qu’il donne trop dans le m’as-tu-vu…
— Que voulez-vous dire ?
— Qu’il a pris goût aux paillettes de la télé !
— Et vous ? On ne vous a pas vu sur les plateaux de télé pendant le COVID ?
— Ah çà non ! Ce ne sont pas les demandes qui ont manqué, mais vous ne m’avez jamais vu sur les plateaux. Tous les gens qui y sont allés, à part deux ou trois que je respecte, se sont ridiculisés… Mais revenons à ce qui vous amène…
Je me dis que je ne pouvais continuer sur le mensonge qui m’avait permis de me retrouver là. À toutes fins utiles, je vérifiai ce que Duthour lui avait dit.
— Il ne m’a rien dit de particulier, fit-il. Il m’a juste dit que vous aviez une urgence à me soumettre et qu’il fallait que je vous aide. Ce que je fais de bonne grâce…
— Eh bien, je suis sur une drôle d’urgence en effet… mais cela ne concerne pas un patient en particulier…
Je me décidai à lui raconter rapidement les révélations de Suzanne Flandrin et les conclusions auxquelles Léo et moi étions parvenus.
— Quels pourraient être, conclus-je, la réalité de cette menace pandémique ?
Bastin me regarda un long moment sans rien dire. Il s’était enfoncé dans son siège et je m’attendais à ce qu’il me jette de son bureau en me disant qu’il n’avait que faire de pareilles élucubrations. Mais ce n’est pas ce qu’il fit.
— Vous avez parlé de cela avec les autorités ? Demanda-t-il.
La question me surprit.
— Euh… oui. J’ai fait une déposition dans un commissariat de police et le parquet a été saisi. Et aujourd’hui, la DGSI écoute toutes mes séances avec madame Flandrin.
— Alors pourquoi venez-vous me voir ? Ils doivent faire leur propre enquête je suppose… me fit-il toujours aussi suspicieux.
— Ces gens attendent de moi que je fasse parler Suzanne Flandrin sur ce qui pourrait advenir, mais je ne sais pas où ils en sont de leur interprétation. Tout ce que je sais c’est qu’ils nous surveillent. Ils pensent certainement que comme je suis médecin, je sais tout sur tout et que je saurai faire sortir la vérité. Mais, je ne suis pas au fait des dernières recherches dans tous les domaines. Si vous pouviez me renseigner sur les nouvelles menaces, peut-être arriverai-je à identifier dans ce que me dit la patiente des éléments qui me permettraient de les mettre sur une piste et qu’ils me lâchent enfin…
Je décidai de jouer sur la corde sensible et ajoutai :
— Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais mon téléphone est sur écoute, ma voiture est sur écoute, ma maison et mon cabinet le sont aussi. Je n’ai plus de vie privée…
Il jouait avec son crayon tout en m’écoutant. J’eus l’impression qu’il allait me dire qu’il ne pouvait rien pour moi mais me surprit à nouveau.
— Il n’existe à ce jour, lança-t-il, aucun risque pandémique qui pourrait faire les dégâts dont vous parlez. La crise du COVID aura eu au moins cela de positif que nous nous sommes réveillés. Qu’il s’agisse des travaux de laboratoire ou de virus naturels, tout est hyper surveillé. Un truc comme le COVID ne peut plus advenir. On sait ce qu’il ne faut plus faire, on sait comment soigner et endiguer l’épidémie. On le savait avant le COVID mais certains d’entre nous l’avaient un peu oublié. Ceux qui ont géré cette crise ont cru devoir réinventer la roue mais le savoir et le savoir-faire étaient déjà là. Ce sont les moyens qui ont manqué au début. Mais tout cela a été corrigé depuis. Je reconnais que cela a été un peu chaotique mais la réalité est bien là. Le COVID nous a rappelé les bonnes pratiques et nous sommes aujourd’hui prêts partout dans le monde à faire face à un nouvel épisode de ce genre quel que soit le pathogène. Alors, une maladie infectieuse pandémique qui tuerait 170 millions de personnes en un claquement de doigt ? Non je ne vois pas…
Je quittai Bastin après lui avoir précisé que Duthour n’était pas parfaitement au courant de ma démarche, car la DGSI m’avait explicitement interdit d’en parler autour de moi. Il me fit remarquer qu’en venant le voir, je venais d’enfreindre cette injonction. Je le flattai en lui disant que je comptais sur sa discrétion.
— Soyez sans crainte… je ne vous ai vue que pour un patient. C’est entendu. Bonsoir Madame et bon courage, me fit-il en me raccompagnant.
Le lendemain, je reçus comme prévu Suzanne Flandrin pour une nouvelle séance d’hypnothérapie. À ma grande surprise, je ne trouvai pas une femme abattue par la nouvelle de la mort du père de sa fille. Et je compris vite pourquoi.
— Regardez docteur, me fit-elle en relevant les mèches de cheveux qu’elle rabattait d’ordinaire sur son visage.
Les boursoufflures étaient toujours présentes mais avaient visiblement diminué en intensité. La chose me surprit, mais je fis semblant de trouver cela normal.
— C’est une excellente nouvelle, Suzanne. Depuis quand avez-vous constaté l’amélioration ?
— Dimanche dernier ! Me fit-elle. Je venais pourtant d’apprendre une affreuse nouvelle…
— Ah bon ? Fis-je semblant de m’étonner. Quelle nouvelle ?
— Georges s’est tué dans un terrible accident de voiture vendredi dernier. C’est d’autant plus affreux qu’il m’avait appelée dans la soirée pour me dire combien il était fier d’avoir remporté un Award à Los Angeles. La vie est vraiment mal faite !
— Il vous a appelé ? Mais ne m’aviez-vous pas dit que vous ne vous étiez plus parlé depuis longtemps ?
— Si. C’est exact. Je ne sais pas ce qui lui a pris soudain de vouloir m’appeler… et pour me raconter cela !
— Avez-vous parlé d’autre chose ?
— Non même pas et c’est encore plus surprenant ! Il m’a dit qu’il avait eu cet Award, que cela lui en faisait 78 et qu’il n’avait pu résister à l’idée de m’appeler pour partager sa joie. Et deux trois banalités, « embrasse Virginie pour moi » et au revoir !… Lunaire !
— Et vous pensez que le choc de sa disparition soudaine pourrait être la cause de l’amélioration de votre état ? Lui demandai-je.
— Ah non ! Pas du tout. Et c’est ce qu’il faut que je vous dise justement.
Je la regardai intriguée. Elle reprit :
— Je suis venue vous dire que j’arrête la thérapie. Cela ne mène nulle part.
— Je ne crois pas que cela soit sérieux d’arrêter maintenant Suzanne, la coupai-je sèchement.
— Oh écoutez… ce n’est pas contre vous mais ce n’est certainement pas nos séances d’hypnothérapie qui ont permis de faire reculer la maladie. J’en ai la preuve…
— La preuve ? Fis-je encore plus étonnée.
Elle sortit une feuille de son sac qui ressemblait à un prospectus sur lequel étaient vantés les mérites thérapeutiques de la protéodie.
— Qu’est-ce que c’est ? Lui lançai-je.
— Une thérapie par la musique. C’est un ami de Georges qui me l’a conseillée. Et ça marche. En deux séances, voilà le résultat ! Fit-elle en pointant son visage du doigt.
— La protéodie ? Mais qu’est-ce que c’est ?
— Une thérapie qui a été mise au point par un physicien des particules. Je n’ai pas tout compris mais apparemment on soigne des plantes et des animaux d’élevage par cette technique et je suis entrée dans une cohorte de tests cliniques sur l’homme.
Je la regardai interloquée. Cette femme était vraiment prête à tout.
— Mais Suzanne… fis-je.
Elle ne me laissa pas finir et me coupa :
— Oui Docteur, je sais ce que vous allez me dire. Ma fille me dit la même chose. C’est une folie et patati et patata ! Mais je n’en ai rien à fiche de vos avis. Moi, ma vie est détruite par cette cochonnerie et je suis prête à tout pour m’en débarrasser. Alors, foin des préventions. Si ça marche, je prends. Et… ô miracle, cela marche ! La preuve !
Je tentai de la ramener à moi.
— Suzanne, ne croyez-vous pas que vous devriez prendre le temps de la réflexion avant de vous engager dans la participation à des tests cliniques ? Vous en avez parlé avec le Professeur Duthour ?
— Oh non ! Surtout pas ! Je sais trop bien qu’il m’en aurait empêchée comme vous êtes en train d’essayer de le faire. Mais vous perdez votre temps. Ça marche, n’en vous déplaise !
— Suzanne… vous venez de vivre un choc émotionnel avec le décès du père de votre fille. Etes-vous certaine que vous ne devriez pas vous poser un peu ?
— La mort de Georges ne m’a pas choquée. Ce qui m’impacte c’est la tristesse de ma fille. Mais je gère. D’ailleurs je ne peux pas la laisser trop longtemps seule et je vais devoir vous quitter. Il faut que j’y aille.
— Comme vous voudrez. Je peux vous poser une question ? Quand avez-vous fait ces séances de… protéodie ?
— Dimanche dernier et aujourd’hui. C’est simple comme bonjour. J’appelle un numéro de téléphone, on me joue une mélodie et je raccroche. Temps de la séance ? Trente seconde ! Formidable !
Elle se leva et quitta mon cabinet. La porte à peine refermée, je restai pensive. Cette issue impromptue était à la fois une bonne nouvelle et une nouvelle source d’inquiétude. Une bonne nouvelle, car elle signifiait la fin de mes ennuis avec la DGSI. Ils devraient normalement relever leur dispositif de surveillance et nous allions pouvoir reprendre une vie normale à la maison. Cette perspective me remplit de bonheur. Je vérifiai ce point en appelant l’officier de la DGSI pour lui annoncer la nouvelle. Je lui demandai de cesser de me surveiller et le menaçai de faire jouer mes relations à Beauvau s’il devait en être autrement. Il me dit qu’il n’avait effectivement plus de raisons de maintenir la surveillance et que, dès le soir même, il donnerait les ordres en conséquence. J’appelai Jean immédiatement pour lui annoncer la bonne nouvelle. D’un autre côté, la source d’information était perdue et ni Léo ni moi ne pourrions investiguer plus avant. Je me rassurai en me disant que les hommes de la DGSI étaient en charge et que de toutes manières cette histoire ne me regardait plus.
Je fus contrainte de déchanter quelques jours plus tard.