Chapitre 7 : Léo révèle l'affaire en interne et enquête sur la mort de Geneviève Aubin.
Dans les jours qui suivirent la confirmation de l’existence de Geneviève Aubin, je visionnai les vidéos des séances d’Odile et Suzanne. Je pus constater que les vidéos n’avaient pas été retravaillées et qu’Odile n’avait pu induire aucun biais dans les questions qu’elle avait posées et qui auraient pu orienter les réponses de Suzanne. Tout était sorti de manière spontanée. Il était clair, par conséquent, qu’on était en face d’un cas de prédiction librement délivrée.
Je rédigeai une déposition récapitulative et invitai Odile à venir la signer au Commissariat.
— Aléa jacta est ! dit-elle en me tendant les trois feuillets qui constituaient la déposition.
Je la prévins qu’elle pourrait être convoquée par l’un de mes confrères de l’anti-terrorisme si d’aventure le parquet se saisissait de l’affaire.
— Vous croyez vraiment que cela va avoir des suites ? On est quand même dans quelque chose qui va leur paraître bizarre.
— Vous n’imaginez même pas ce que nous sommes capables de faire dans le genre ésotérique dans la police ! Il nous arrive souvent de faire appel à des médiums dans le cas de disparitions inquiétantes. Cela ne défrise personne. Quand la vie des gens est en jeu on ne peut se permettre de se priver des moyens à notre disposition. La population ne le comprendrait pas d’ailleurs. C’est à ce titre assez étonnant de constater qu’on a beau vivre dans une société où le positivisme scientifique est roi, il n’en demeure pas moins que les gens sont très sensibles aux manifestations paranormales. J’ai lu d’ailleurs que la CIA et le FBI avait déjà fait appel à ce qu’ils appellent des remote viewers. L’armée américaine avait même constitué un bataillon de ce genre avec des soldats ayant des capacités hors normes. Je ne sais pas ce que c’est devenu. On n’en parle pas, car tout ce qui dépasse la condition matérielle est hautement sensible. Imaginez donc. Celui qui lit dans votre tête est un danger public. On essaie tant bien que mal de maîtriser ces choses en les tournant en ridicule mais les autorités des pays les plus avancés sont très au fait de toutes ces réalités. Par conséquent, cela ne m’étonnerait pas qu’on vous appelle.
J’envoyai la déposition au patron. C’était le Commissaire Bardoux. Un vrai con ! Ce type avait dû trouver le résultat de son concours dans un paquet de lessive. Bien qu’à la tête d’un des commissariats les plus chauds de la capitale, il se comportait en parfait rond-de-cuir et passait son temps à tancer ses chefs de groupe lorsque ceux-ci envisageaient de monter des coups de filet dans les quartiers où fleurissait le trafic de drogues. Il vantait les mérites de la méthode administrative en considérant que le marché de la drogue était un commerce comme un autre et qu’il suffisait d’utiliser les moyens de Bercy pour endiguer le phénomène. Il pouvait se vanter d’avoir fait fermer, pour fraude fiscale, une dizaine de restaurants qui servaient de blanchisseuses aux trafiquants et en tirait une grande fierté. Pour autant, le trafic n’avait pas cessé et les règlements de compte étaient de plus en plus violents. Il avait une sainte horreur des armes à feu et de tout l’attirail de coercition que le ministère met à notre disposition. Il était pour la méthode douce. Après mon accident de travail, il s’était mis en tête de me rééduquer en m’affectant aux archives. Ce type aurait dû être muté dans un autre commissariat depuis longtemps, mais il était resté en place sans que personne n’y trouve à redire ; ce qui avait développé chez lui une propension à se prendre pour un baron. En lui envoyant la déposition d’Odile, je m’attendais à ce qu’il me convoque dans son bureau pour me dire que j’avais outrepassé mes prérogatives. Ce qu’il ne manqua pas de faire le lendemain.
— Degois ! Entrez mon vieux !
— Bonjour Patron…
— Alors Degois ! Qu’est-ce que c’est que cette déposition ? Expliquez-moi comment mon archiviste préféré se retrouve à solliciter l’anti-terrorisme ! Vous m’embarrassez mon vieux Degois…
— Je suis encore Lieutenant de Police monsieur le Commissaire. Je ne savais pas que je n’avais plus le droit de prendre une déposition.
— Si, si bien sûr mais là… franchement Degois… vous déconnez…
— Je ne crois pas, Patron…
— Mais enfin ! Vous vous êtes relu ? Une histoire à dormir debout votre truc. Qui est cette folle et comment s’est-elle retrouvée à déposer devant vous ?
J’avoue que, vu sous cet angle, je ne disposai pas des meilleures armes pour convaincre. Une cousine éloignée, hypnothérapeute, venue me dénoncer une prédiction dont j’avais pu établir le sérieux en m’appuyant sur les dires d’une personne en état de conscience modifiée relatant des vies antérieures ! J’avais tout bon pour qu’on se moquât de moi. Et il ne s’en priva pas !
— Vous êtes totalement à côté de vos pompes mon vieux ! Arrêtez de boire ! Avait-il dit en éclatant de rire.
Pour ajouter à mon humiliation, cet abruti de Jouaux, l’un des chefs de groupe qui aimait à venir fayoter dans le bureau du chef passa la tête par la porte.
— Je peux vous parler patron ?
— Ah ! Paul ! Vous tombez à pic ! Venez rire un peu. Degois a quelque chose de très marrant à nous raconter. Asseyez-vous…
La séance dura un bon quart d’heure. Jouaux et Bardoux se payèrent ma tête à grands coups de fous rires. Je bouillais intérieurement sans laisser paraître la moindre émotion. Ces cons pensaient pouvoir tout se permettre sur mon dos. Je sortis du bureau sous leur regard moqueur et en me retournant je dis :
— Je vous conseille quand même de donner suite à ma demande de signalement au parquet. Je n’aimerais pas être à votre place lorsque l’IGPN viendra vous demander des comptes si ce que prédit cette femme est avéré… Laissez le parquet décider.
Bardoux repris soudain son air mauvais.
— Vous me menacez Degois ?
— Non, Patron. C’est du bon sens !… Au fait ! Vous me donnez mes deux jours pour aller me reposer de cette histoire ?
— Mais oui, Degois ! s’écria-t-il en éclatant à nouveau de rire, prenez tout le temps qu’il faudra pour revenir sur Terre !
Et je claquai la porte. En descendant les escaliers je croisai Jeannine, brigadier de son état, qui servait de secrétaire à Bardoux. Je lui glissai une copie de la déposition et de la requête au Parquet.
— Tiens, mets cela dans la navette du Parquet. C’est le patron qui le demande… lui mentis-je.
— Ok. Ce sera fait, me répondit-elle.
Je mis ensuite les deux jours et le week-end qui suivirent à profit pour prendre un train pour Aubusson. Je voulais en savoir plus sur les conditions de la mort de Geneviève Aubin. Je savais seulement qu’elle avait eu deux enfants d’un certain René Aubin. En me promenant à Saint-Pardoux d’Arnet, je finirais bien par tomber sur quelqu’un qui pourrait m’en dire plus sur cette histoire. Je sautai dans le premier train à Austerlitz et relus mes notes pendant tout le voyage. À Aubusson je louai une voiture et partis pour Saint-Pardoux à la recherche d’un hôtel. Il plut tout le temps. La campagne et les villages traversés qui devaient être jolis sous le soleil semblaient parfaitement austères comme dans les campagnes que mettait en scène la série télévisée Maigret. J’aime me promener dans ces patelins bucoliques. Il m’arrive de me prendre pour lui…
À peine arrivé, j’empruntai un parapluie à l’accueil de l’hôtel et partis sous une pluie battante vers le village. Conformément à mes habitudes, je me rendis d’abord à l’Église où j’espérais y croiser ou le curé ou son bedeau. En entrant dans la petite église je dus me rendre à l’évidence qu’il ne devait plus y avoir assez de paroissiens, car les bancs du fond étaient recouverts de poussière. J’avançai vers le chœur en direction de la sacristie. En m’approchant, je me dis que j’avais décidément beaucoup de chance en entendant une porte grincer à l’intérieur de ce qui devait être la sacristie. J’entrai et découvris qu’il y avait une femme d’un âge assez avancé qui s’affairait autour d’un vase dans lequel se morfondaient des fleurs fanées. Elle me vit immédiatement entrer et, sans me laisser le temps d’ouvrir la bouche, me dit :
— L’église est fermée, monsieur ! Pour la confession, c’est le mardi après-midi…
Je ne me laissai pas impressionner par le ton directorial qu’elle avait employé et répondis :
— Bonjour Madame. Je ne viens pas me confesser même si je devrais sûrement… j’aurais voulu rencontrer le curé.
— Et bien comme je vous le dis, il n’est pas là. En semaine il n’assure sa permanence que le mardi. Si vous voulez le voir, il faudra aller à Aubusson.
La femme me donna l’impression de se plaire dans ce rôle de cheftaine en l’absence du curé. Je temporisai :
— Ah ! Très bien. Dites, c’est une bien jolie église que vous avez là !
— Oui c’est vrai ! Merci ! On en prend grand soin… Elle nous donne du mal aussi, vous savez !
— Oui je vois que vous la fleurissez ! Quel travail !
— Oh ce n’est pas grand-chose. Ça m’occupe !
— C’est pour un mariage ?
— Oui, vous avez deviné ! On a toute sorte de gens qui viennent se marier ici pour la photo. Monsieur le curé, enfin, je veux dire l’ancien curé, n’aimait pas cela. Mais le père Toussaint est plus ouvert, lui. Et je trouve qu’il a raison. Vaut mieux une église qui vive qu’une église morte ! Et moi cela me donne du travail alors…
— Et il y a des baptêmes aussi ?
— Ça ! C’est plus rare… Il faut dire que ce n’est plus comme avant. On ne se fait plus baptiser mais quand même… tiens ! Il y a deux mois, on a eu une petite Zoé qui a été baptisée et elle venait de Paris ! C’est y pas beau ça !
— Et vous tenez les registres ici ?
— Oh oui ! On a une superbe bibliothèque de tous les registres depuis le second empire.
Elle se retourna et ouvrit la porte en bois ouvragé derrière elle et en sortit un gros bouquin relié avec une couverture de cuir.
— Tenez, ici, on a tout depuis 1990.
Elle ouvrit à la dernière page et fut toute fière de me montrer l’enregistrement de la petite Zoé.
— Cela se consulte ? Lui demandai-je innocemment. Je veux dire, n’importe qui peut vous demander de consulter ces registres ?
— Euh… fit-elle soudain en se demandant bien ce qu’elle devait répondre. Oui ! Je pense que oui ! Le Bon Dieu n’a de secrets pour personne !
À peine avait-elle dit cela que je m’approchai des rayonnages pour en sortir le registre 1955-1960. Je le posai sur l’hôtel de bois devant elle et lui dis en l’ouvrant au centre :
— C’est impressionnant ! C’est une bonne partie de l’histoire de France qu’il y a dans ces registres !
— Oui et regardez comme les choses sont bien faites. Vous avez sur les premières pages un index des noms ! Quelle merveille d’administration !
— Je peux regarder ? Lui demandai-je en simulant un accès de curiosité.
— Oh oui, mais je dois retourner à mes fleurs…
Puis se rendant compte que cela ne changeait rien pour ce qu’elle avait à faire :
— Faites à votre aise. Mais si vous voulez en ouvrir de très anciens, je vous demanderai de faire très attention. Certains ont les pages collées. C’est assez fragile.
— Oui oui, je comprends, lui dis-je en prenant mon air de garçon sérieux.
Je ne mis pas longtemps à retrouver les enfants Aubin. Jacques avait été baptisé le 11 janvier 1954 et sa sœur Odette le 20 mai 1957. J’avais les noms. Je fis encore semblant de farfouiller et prétendis m’être mis en retard pour m’échapper en remerciant cette charmante petite grand-mère.
En sortant, je me rendis à la mairie et demandai à la secrétaire de mairie si elle pouvait m’indiquer la ferme des Aubins. Elle ne put me renseigner mais fut trop aimable d’aller demander à l’une de ses collègues plus anciennes. Une grosse dame rousse à la permanente impeccable passa la tête dans l’ouverture de la porte de son bureau. Elle devait avoir la petite soixantaine.
— La ferme des Aubins, me dit-elle, je sais où elle était mais les Aubins n’y habitent plus depuis… oh… au moins trente ans. Ils l’ont revendue aux Derveaux, des éleveurs.
— Ah bon ? dis-je étonné, pourtant on m’avait dit qu’on les y trouverait encore…
— Qui vous a dit cela ?
— Des copains du service militaire. Ce n’est pas Jacques qui avait repris après son père ? fis-je tout en prenant un plaisir bien dissimulé à jouer la comédie…
— Si mais cela a toujours été très dur pour eux. Après ce qui était arrivé à leur pauvre mère, le père, René ne s’en est jamais remis. Ah çà non ! Et ils n’étaient pas riches. Et puis sa femme ne supportait plus la campagne… Ils ont vendu et ouvert une boutique de cycles à Aubusson. Ça ne marchait pas fort à ce qu’on dit mais, avec le retour du vélo en ville, ils doivent aller mieux.
— Vous avez son adresse ? Je lui ferais bien la surprise…
Le lendemain, je retournai à Aubusson et me présentai devant la boutique de cycles de Jacques Aubin. Compte tenu de la teneur des questions que j’allais devoir poser, il n’était plus question de finasser. J’entrai et présentai ma carte de police. Jacques Aubin était un homme de soixante-neuf ans, de grande taille et assez maigre. Il portait une salopette de mécanicien et de petites lunettes demi-lune accrochées à une chaîne autour du cou.
— La police parisienne ? Mais pourquoi donc ?
— J’enquête sur plusieurs cas de morts suspectes dans les environs de Limoges. On pense qu’il y aurait un lien avec des cas plus anciens et on cherche à l’établir…
— Vous venez pour Maman ?
— Oui. Pourriez-vous me dire dans quelles circonstances est intervenue sa mort ?
— Mon père a déjà répondu à toutes ces questions aux gendarmes ! Elle s’est pendue de désespoir.
— Oui j’ai lu les rapports de Gendarmerie… mais en êtes-vous sûr ?
— Et comment ! J’en suis sûr ! Que disent-ils les gendarmes ?
— Pas grand-chose, justement… Ils parlent de suicide sans plus de détail…
— Venez derrière. Je vais vous dire ce que je sais…
Nous allâmes dans la cuisine derrière la boutique. Il sortit une bouteille de vin blanc et deux verres. Il n’était que dix heures du matin.
— Je vous sers ? Me demanda-t-il.
— Oui merci.
Je ne refuse jamais l’offrande d’un témoin qui va se mettre à table…
— J’avais 12 ans quand c’est arrivé. Je rentrais de l’école avec Odette. Ma sœur s’appelle Odette… Et on a cherché maman partout avant de la retrouver pendue à une poutre de la grange à fourrages. Quel spectacle ! Vous imaginez le choc pour deux gosses ! Odette ne s’en est jamais remise.
Il prit une gorgée de son infecte piquette et je l’imitai. Il reprit :
— Bref ! Mon père est rentré du pâturage en catastrophe et il a appelé les gendarmes. Ils n’ont pas trop posé de questions. Ils l’ont emmené pour un interrogatoire en règle et l’ont ramené à la maison. Nous, on nous avait placés chez les voisins en attendant. Le jour de l’enterrement, en rentrant, le père a trouvé une lettre que ma mère avait laissée dans une boîte en fer. Elle y donnait l’explication de son geste. On avait deux tantes : Pauline et Angèle. Angèle qui était très jeune était restée seule avec mes grands-parents quand les grandes s’étaient mariées. Elle est morte à l’âge de 17 ans, écrasée par une charrette remplie de paille. Tout le monde avait dit que c’était un accident. Mais quand le grand-père est mort, ma grand-mère est venue raconter à ma mère que ce n’était pas un accident. Cela faisait des années que mon grand-père violait sa fille et un jour elle a voulu s’enfuir. Mais ce salaud l’a rattrapée et il lui a écrasé le crâne. Ensuite il a maquillé son meurtre en accident. Un jour qu’il était saoul, il a tout déballé à ma grand-mère qui n’a pas eu la force d’aller le dénoncer. Quand ma mère a appris ce qui s’était passé, elle s’en est voulu de ne pas avoir pris Angèle avec elle quand elle a quitté la ferme familiale. Elle devait aussi savoir ce qui se passait… peut-être même qu’elle en avait été victime elle-même… bref ! Elle n’a pas supporté et elle s’est supprimée ! Voilà. Mais ça ! on ne l’a jamais raconté aux gendarmes pour protéger la grand-mère qui avait assez souffert comme cela ! Vous comprenez ?
— Oui. Je comprends et je vous remercie pour votre franchise.
Geneviève Aubin était donc morte de s’en vouloir de ne pas avoir pu secourir sa petite sœur Angèle, victime de leur père incestueux… Du grand classique dans les campagnes de l’époque ! J’en savais assez pour rentrer à Paris. Sur le chemin du retour, j’appelai Odile pour lui raconter cette histoire. Elle me remercia et me dit qu’elle pourrait peut-être trouver là une raison de la maladie de Suzanne. Je lui demandai de ne pas creuser trop vite, car nous avions encore pas mal de questions à poser à Suzanne sur cette histoire de catastrophe. Or, si Suzanne trouvait, dans le meurtre d’Angèle, la cause de ses troubles actuels, elle guérirait et n’aurait plus besoin des services d’Odile et nous perdrions toute chance d’identifier le danger. Odile protesta et m’indiqua qu’elle me trouvait bien cynique et que cela la mettrait en contravention avec le code de déontologie. Je tentai de la rassurer en lui disant qu’il n’y avait qu’elle et moi à connaître cette situation et que, de toutes manières, on n’était pas sûr du tout que la mort d’Angèle était la cause de son tourment. Elle raccrocha plutôt fâchée.
Le lundi matin de retour au commissariat, je vis débarquer un hystérique Bardoux dans mon bureau.
— Putain Degois ! Qui vous a permis de transmettre votre requête au parquet ?
— Moi ! Patron.
— Mais pour qui vous prenez-vous à la fin ?
— Pour un officier de police judiciaire, patron !
— Et qu’est-ce que je leur dis au parquet ?
— Que je suis l’enquêteur et que, s’ils veulent transférer le dossier à l’anti-terrorisme, je me tiens à leur disposition s’ils ont des questions.
— Non, mais vous avez perdu la tête, Degois !
— Non pas du tout ! C’est vous qui décollez du sol… On a l’information de la préparation d’un potentiel attentat de grande envergure, les témoins sont des gens dignes de confiance, les faits relatés par ces témoins sont avérés pour ceux qui peuvent être vérifiés et vous – petit commissaire Bardoux – alliez commettre l’erreur d’enterrer l’affaire ! Je vous ai sauvé la mise, tout incapable que vous êtes ! N’oubliez pas qui je suis et d’où je viens. Vos humiliations ne m’atteignent pas et… sortez de mon bureau ! J’ai du travail !
Il tourna les talons en grommelant. Ce type était un incapable suffisant mais pas un imbécile. Quant à moi, je me sentis revivre. C’est le privilège des fonctionnaires au placard de pouvoir engueuler leur chef sans conséquence pour la carrière. Il ne pouvait rien de plus contre moi. J’étais au fond du trou et je ne pouvais descendre plus bas.
La machine était lancée et la véritable aventure allait commencer. Odile ne tarderait pas à en sentir les effets…